Far West : Clap de fin !

Après 84 jours de traversée, il est temps d’entamer l’épilogue de cette aventure. Notre vision de la marche change et nous avançons en ayant précisément en tête le nombre de jours restants. Ce n’est pas parce que nous sommes dans les derniers kilomètres que les journées sont plus petites ! Nous enchainons de bonnes portions qui dépassent parfois les 30 kilomètres. Le mental est là et nous profitons de chaque instant. Les derniers réveils aux aurores, les dernières pauses de 10h, les dernières rencontres et les dernières galères ! Et oui, encore une fois l’equipe a subi une épidémie de tourista. Nous n’avons pas été épargnés lors de notre marche et la maladie vient bouleverser nos plans jusqu’aux derniers moments. Mais c’est aussi cette part d’imprevu et de difficultés qui fait la beauté d’une telle aventure .

15 décembre 2018 : Rara – Ratapani (+100/–1700m)

Nous laissons Rara à la nuit en contemplant une dernière fois les étoiles filantes qui se reflètent dans le lac. Sous cette vision féérique, nous marchons dans la neige fraiche des derniers jours et dans un froid saisissant.

Le programme consiste à perdre de l’altitude pour finir 1500 m plus bas. Nous suivons donc la rivière, d’abord gelée et à l’ombre, puis le torrent sous un soleil resplendissant. Dernière trace de nature sauvage avant le retour à la civilisation, nous croisons le chemin d’un renard et d’une sorte de blaireau.

Des doudounes, polaires et pantalons, nous optons rapidement pour shorts, t-shirts et casquettes ! C’est impressionnant la vitesse à laquelle la température change !

Le soir, après avoir été accompagnés par deux jeunes népalais pendant un bon bout de temps, nous sommes accueillis comme des rois à Ratapani. Le gérant nous sort son meilleur riz local et est fier de nous prendre en photo. Nous sommes presque des vrais népalais, ce n’est plus de l’eau froide que nous buvons au dîner depuis quelques semaines mais bien de l’eau chaude et on y prend goût ! Prochaine étape, le dal bhat avec les mains !

16 décembre 2018 : Ratapani – Kolti (+600/–600m)

On dit au revoir à notre hôte et c’est reparti pour une étape avec peu de dénivelé. Nous terminons la descente de vallée et rejoignons un gros torrent que nous suivons une bonne partie de la journée. Et qui dit torrent dit poissons ! Un peu plus loin, alors que nous n’avons pas trouvé de biscuits à notre goût pour la pause de 10h (comprendre ici biscuits consistants, qui nourrissent quoi !), on nous propose de goûter un petit plat de poissons fraîchement péchés.

Quel plaisir de sentir le goût du poisson en bouche ! Ça faisait trois mois ! Pour accompagner le plat, des népalais nous font cadeau de chapatis !

Nous repartons sous une chaleur de plomb. Il fait 29 degrés au soleil et pour la première fois depuis longtemps, nous transpirons ! Hélas, aucune douche au lodge de Kolti… Nous allons continuer de repousser le record de jour sans douche, qui s’élève à présent à 13 !

Pour poursuivre sur la lancée de la veille, nous inaugurons le dal bhat avec les mains devant les yeux ébahis des népalais. Pas si désagréable finalement !

17 décembre 2018 : Kolti – Martadi (+1600/–1400m)

Sur les coups de 4h30 du matin, nous ne sommes pas seuls à être debout. Alors qu’il fait encore bien noir, les caravanes de mules défilent déjà dans la rue ! Une grosse journée nous attend avec le passage d’un col à 2700 m et plus de 30 km de marche.

Les frontales bien vissées sur nos fronts, nous attaquons la longue montée. Au fur et à mesure que le jour se lève, nous croisons de plus en plus de monde et découvrons les nombreuses cultures en terrasses sur le bord du chemin.

De nombreux « shops » se trouvent sur les côtés, signe que la route est bien empruntée. Ici, beaucoup de népalais n’ont pas de logement en dur et vivent dans leurs petits commerces en taules. Il est très commun de voir des couchettes aux draps défaits à l’intérieur de la boutique. Nous croisons des villages de plus en plus petits avant d’arriver au col où subsistent quelques traces de la derniere chute de neige.

La mi-journée est déjà passée et il reste de la route. La descente est longue et piégeuse par endroits. Si ce ne sont pas les cailloux, c’est la glace qui rend le passage délicat.

Nous arrivons à Martadi après un dernier raidar pour finir de nous casser les jambes après plus de 10h de marche. La ville, aux premières apparences de bidonville, est un immense bazar avec de petits commerces en taules de partout. Impossible pour nous de s’y retrouver. Devant notre incrédulité, Bhim Kc, un népalais qui parle quelques mots d’anglais se propose de nous aider et nous guide jusqu’à un petit hôtel, comme les derniers jours, sans électricité !

18 décembre 2018 : Martadi – Guomol (+700/–900m)

Journée difficile pour 400 lieues sur la Terre. Mais c’était annoncé par quelques signes dès le petit matin. Nous avions mis le réveil à 3h30 pour attaquer une portion assez laborieuse de route jusqu’à Dipayal.

« Les gars, cordon rouge, il est 5h15 »

N’ayant pas entendu le réveil, nous devons revoir nos plans. La route envisagée n’est vraiment pas accueillante et nous n’avons pas envie de marcher au milieu d’une forte circulation. Nous décidons donc de poursuivre en suivant le GHT et envisageons une fin de la traversée à Chainpur d’ici trois jours.

Jérémy est malade et s’accroche lors de cette matinée de marche. Nous montons pour redescendre puis pour remonter et ainsi de suite jusqu’à la mi-journée.

À midi, nous nous arrêtons dans un petit village pour la pause « lunch ». Impossible de savoir exactement où nous sommes sur la carte. Les habitants ne parlent absolument pas un mot d’anglais et lorsque nous leur disons le nom d’un village qui semble, soit être celui dans lequel nous nous trouvons soit être dans les alentours, ils nous regardent avec des grands yeux comme si nous débarquions d’une autre planète. La scène est plutôt rigolote. Nous sommes assis à une table et une dizaine de personnes nous observent par l’encablure de la porte. C’est peut être la première fois qu’ils voient des étrangers !

Hélas la maladie n’a pas dit son dernier mot. Après Jérémy, qui n’a rien mangé depuis la veille, c’est au tour de, l’expérimenté en la matière, Aubin de tomber malade. Étant donné l’état des troupes, nous décidons de nous arrêter pour la journée et d’aviser en fonction de l’évolution de la situation. Nous avons peu d’espoir quant à la poursuite de la marche…

Un népalais nous aide à trouver une place pour la nuit et un habitant nous libère deux lits pour la nuit. Super ! Le soir, pour François, c’est dal bhat en tête à tête avec lui même ! Jérémy et Aubin sont, soit au font de leur duvet, soit aux toilettes. Aubin, le plus malchanceux de la troupe en terme de maladie , fait parler son expérience et n’hésite pas à se coucher tout habillé en vue des sorties nocturnes !

19 décembre 2018 : Guomol

Pas de miracle pendant la nuit. Nous décidons de stopper la traversée ici après 87 jours de marche. Nous n’avons pas vraiment rallier la frontière mais le chemin parcourus dépasse de loin nos espérances. Il nous rend fier et nous pouvons affirmer que nous avons traversé le Népal ! En 3 mois de marche nous avons beaucoup appris. Sur nous, sur le monde. Nous avons rencontré beaucoup d’embûches qui ne nous ont pas rendu la tâche facile comme la maladie (en tout 30 jours de maladie environ !), les cartes imprécises, l’imposition d’un timing lié au VISA, les pépins physiques, etc. Mais nous ne regrettons rien et une aventure est forgée de la sorte. C’est aussi ce qui la rend belle et intense.

Merci à tout ceux qui ont permis cette épopée, à ceux qui nous ont suivi et envoyé des messages d’encouragements. Merci à ces népalais que nous avons rencontré, qui nous ont offert l’hospitalité ou bien un peu de leur gentillesse et de leur temps quand on en avait besoin. Merci Népal pour ce que tu nous as apporté lors de cette traversée !

Comme en septembre, nous embarquons dans une jeep pour rejoindre Martadi !

Retour Pokhara

Deux jours de pause sont nécessaires à Aubin et Jérémy pour retrouver un transit à peu près normal. A peine remis, nous embarquons dans un bus long courrier pour un trajet de 30h ! On peut vous dire que ça aussi c’est une expérience qui marque !

Lors des 8 premières heures, Aubin fait connaissance avec un népalais assis sur ses genoux tandis que François répète sans cesse ce même geste consistant à repousser la tête du passager qui dort sur son épaule. A partir de Dipayal nous avons plus de place et passons en mode nuit. Impossible cependant de fermer l’oeil. Le bus est monté sur des ressorts avec un débattement impressionnant. Nous repartons pour des séances de lévitations qui nous tiennent éveillés jusqu’aux premières lueurs. Au total, plus de 30h assis dans le même bus et seulement 3 pauses dal bhat dans les aires népalaises. Cela représente une petite fierté en soi.

Tout ça pour arriver à Mugling seulement à mi chemin entre Katmandou et Pokhara. Nous ne sommes pas assez fous pour enchaîner et nous nous posons pour deux nuits dans la petite ville népalaise avant de repartir pour 4h de bus durant lesquels nous assistons à de nombreux dépassements très « short ». De ceux qui mettent des sueurs derrières les oreilles ! Arrivés à Pokhara, nous prenons notre première douche en 20 jours !

Bonus

On ne va quand même pas finir sans aborder les évolutions physiques de l’équipe ! On vous laisse déterminer à qui revient la palme !

Aubin

François

Jérémy

Et surtout on n’oublie pas Thibaud !

Maintenant direction VHMaVi pour notre mission solidaire de trois mois !

À bientôt et bonnes fêtes de fin d’année,

La bande

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