Solu Khumbu – Rolwaling : « How are you my friends ? »

La région de l’Everest, c’est bien beau mais la route vers l’Ouest est encore longue. Il faut dire que ces derniers temps la boussole a indiqué le Nord, le Sud, même l’Est, mais très peu l’Ouest ! L’intermède est bel et bien terminé, retour aux affaires sérieuses et retour des hostilités laissées quelques jours plus tôt !

Nouvelle section donc, direction le Rolwaling au travers de multiples vallées beaucoup plus denses en végétation que ce dont à quoi nous commencions à nous habituer. Au menu, du dénivelé positif et négatif, quelques moments de lassitude et de « déjà vu » et surtout des rencontres avec des étrangers mais aussi des locaux. Grande nouveauté qui nous a fait le plus grand bien et qui nous pousse d’autant plus à aller vers l’autre. Autre nouveauté, plus désagréable mais presque obligée dans une telle aventure, la maladie ! Hélas, nous ne sommes pas passés au travers et cela nous a stoppé quelques jours…

17 octobre 2018 : Namche Bazar – Surke (+300/-1400m)

Pour sortir de cette boucle du Solu Khumbu et reprendre notre marche vers l’Ouest, il faut redescendre et, surtout, revenir sur nos pas jusqu’à Kharte ! Dur dur pour le mental ! Nous sommes tout de même reboostés à la vue des prix qui descendent progressivement. Contre 4300 roupies la nuit et le dal bhat à Lobuche, nous dépensons 1600 roupies à Surke !

Redescente donc, en suivant l’autoroute de l’Everest et sans passer par Lukla cette fois-ci. Les files de touristes se réduisent jusqu’à devenir ponctuelles. La température augmente. Le ciel se couvre. Nous sommes bien en train de quitter la zone de Namche !

18 octobre 2018 : Surke – Juving (+700/-1500m)

À l’image de la veille nous empruntons la même route qu’à l’aller. La route des ânes ! Le chemin n’a pas changé ! De la boue, des pierres et surtout des caravanes incescentes de mules qui nous obligent régulièrement à adapter notre marche en nous rangeant sur le bas côté.

Nous quittons la route connue pour rejoindre Karikhola, petit village très accueillant, au sein duquel nous prenons le temps d’écouter les prières des moines qui retentissent depuis le monastère surplombant les habitations.

Conclusion du jour : après la route des ânes, nous avançons dorénavant sur celle des français ! En effet, nous croisons différents groupes de l’hexagone et surtout Gildas et Jean-Paul ! Le premier, qui habite à côté de chez Aubin, effectue un tour de l’Asie et avance vers le trek de l’Everest. Il nous annonce que nous croiserons plus loin le second, qui nous conseille un magasin de fromage de nak (femelle du yack, aussi appelée dri) sur la route. Ces brefs échanges nous revigorent pour la suite !

19 octobre 2018 : Juving – Salung (+2100/-800m)

Premier jour réellement nouveau ! On reprend les bonnes vieilles habitudes d’avant l’Everest et on embarque à nouveau pour une séance de montagnes russes plein Ouest ! Depuis le fond de vallée à 1400m, nous remontons pour le Taskindu La situé à un peu plus de 3000m. Montée caillouteuse et drée dans le pentu sur cette route des français qui n’a jamais aussi bien portée son nom ! Nous y croisons Valentin ! Et pas n’importe lequel en plus ! Nous l’avons rencontré lors de notre passage à VHMaVi 4 semaines plus tôt alors qu’il y était volontaire ! Quel coïncidence et surtout bon vent !

En haut du col, on redescend. Nous avons jamais vu François autant motivé. Le voilà qui trace « pleine balle » sur le sentier sinueux. La raison ? Faites un effort, c’est simple et logique ! Ah, vous voulez un indice ? Il est Haut Savoyard ! Oui c’est ça ! Il a eu vent d’une fabrique de fromage de nak dans le village d’en dessous ! Impossible de l’arrêter. Il hêle chaque personne croisée.

Where is the cheese factory ?

(Où est la fabrique de fromage ?)

Nous voilà quelques temps plus tard dans la cave d’affinage de la fromagerie, le lieux où tout les fromages vieillissent pendant trois à quatre mois. En tout, il faut compter 8 mois pour leur fabrication. Trêve de culture, François, bave aux bords des lèvres, est inarretable.

Can we taste it ?

(Pouvons-nous essayer ?)

Et c’est ainsi que nous rejoignons, après une énième traversée de vallée, Salung, les jambes fatiguées mais surtout un goût de fromage plein la bouche !

20 octobre 2018 : Salung – Sethe (+1200/-1400m)

Alors que nous attaquons la longue montée vers le col du jour à plus de 3500m, nous croisons le chemin de deux nonnes bouddhistes qui nous arrêtent et nous offrent, sans raison particulière si ce n’est de nous voir tout sourire,… des bonbons ! Mangue, abricot, orange, chocolat, il y en a pour tous les goûts ! Véritable coup de boost avant l’ascension !

Voici près d’un mois que nous marchons et nous éprouvons le besoin de varier notre régime alimentaire pour la pause déjeuner qui se résume en un mot, noodles (nouilles chinoises précuites). Nous ne nous imaginons pas cuisiner un civet de sanglier, une pizza au ravioles ou encore une croziflette, bien que nous en rêvons et que certains commencent à voir pousser des tacos au bout des branches des arbres, loin de là ! On vous parle là d’une innovation toute simple, des pâtes cuites au réchaud. Il se trouve que nous avons acquis un paquet d’un kilogramme de nouilles chinoises non préparées ! De quoi remplir notre estomac ! Hélas, notre façon de les cuisiner n’est sans doute pas la bonne… Après quelques minutes de cuisson, l’eau se transforme en une pâte épaisse à l’allure de porridge. Notre élan se voit freiné d’un coup. Les pâtes sont immangeables ! Seul Aubin, s’y force tant son estomac lui lance des signaux de détresse tandis que nous observons le travail des moines dans un champs. Respects !

Ce n’est décidément pas notre journée en terme d’alimentation. Le soir et après une descente très casse-pattes, à notre plus grand regret, aucun refill (service supplémentaire) n’est prévu pour le dal bhat. Horreur ! Sacrilège ! Fatché ! Il est pourtant de tradition de resservir du riz et des lentilles une fois la première ration terminée. Après négociation avec la gérante, nous nous en tirons avec une deuxième (petite…) ration, pas de quoi nous rassasier !.. Une seule solution, se coucher tôt afin que le temps passe plus vite d’ici au dal bhat du lendemain soir.

21 octobre : Sethe – Shivalaya (+1300/-2100m)

Petite humeur au départ, la journée de la veille a laissé des traces et c’est en silence que nous poursuivons notre descente. À cet instant, nous n’imaginions pas que cette journée marquerait le périple de 400 lieues sur la Terre. Qui plus est, en positif !

Après avoir passé la pause goûter de 10h aux côtés de Kinjal Karki, une petite népalaise de 9 ans à l’anglais impressionant, et après avoir échangé quelques mots avec une concurrente du Raid Grenoble INP (oui oui, le monde est petit !), nous atteignons un énième col à Deurali.

C’est ici que la formidable petite histoire commence. Nous rencontrons un groupe de népalais, mené par Bijay Shadi, le chef de famille. Il reviennent du festival Dashain qui a lieu tous les ans en octobre au cours duquel les hindous (80% de la population népalaise) se réunissent. À l’image de Noël pour nous, c’est une fête dédiée à Durga, la déesse mère, source de vie. En fin de festival, les hindous reçoivent la tika, une marque assez large sur le front constituée de grains de riz colorés en rouge.

Vous vous en doutez donc, c’est un groupe très jovial, que nous croisons ! Il est déjà 15h et nous hésitons à faire la descente vers Shivalaya annoncée en 2h. Devant notre indécision, Bijay nous invite à marcher avec eux pour une descente bistarai bistarai, ou en français, doucement doucement ! C’est donc bien accompagnés que nous poursuivons notre marche. Les gens parlent fort, le temps passe vite, nous sommes heureux !

Nous sommes même invités à déguster un milk tea (lait de vache ou de nak dans lequel est infusé le thé, le tout accompagné d’un peu d’eau et de sucre, un délice !) et à assister à une démonstration d’art martiaux délivrée par les enfants de Bijay, scolarisés en école militaire. Après plus de 3h30 de marche (bistarai ils avaient dit), c’est à la frontale que nous arrivons à Shivalaya où nous sommes dirigés vers un petit hôtel tout sauf touristique, dans le genre que nous apprécions tant. Rendez-vous pris avec Bijay, cet homme généreux et ouvert, en janvier lorsque nous serons du côté de Katmandou !

22 octobre : Shivalaya – Jiri Bazar (+700/-600m)

Petite journée au programme dans le but de rejoindre Jiri Bazar, grosse ville sur notre parcours, au sein de laquelle nous pourrons prendre une après-midi de repos. Enfin, c’était ce qui était prévu au départ !

Qui des concombres de la veilles ou des chowmeins (nouilles fraîches cuisinées avec des légumes) du midi a bien pu venir déranger nos plans ? Nul ne le saura jamais. Toujours est-il que dans l’après midi Thibaud tombe malade et renonce même au dal bhat du soir ! Durant la nuit, c’est Aubin et Jérémy qui tournent dans un cycle parfait pour garder les toilettes. Indigestion alimentaire ?

26 octobre : Jiri Bazar – Singati Bazar (+900/-1900m)

Ça y est, nous voilà requinqués après 3 jours de pause forcés, imposés par une petite bestiole intestinale (et d’une reprise un peu hâtive d’ingestion de samosas dans un restaurant de traverse)…

Le programme pour les jours à venir est un peu flou. Nous avons fait le stock pour une potentielle nuit en tente et avons fait le plein d’informations auprès du gérant de l’hôtel. En effet, ni notre carte 1:100000 bourrée d’erreur, ni MAPS.ME (explorateurs 2.0) ne peuvent nous éclairer sur ce qu’il y a à la fin d’une piste qui monte au dessus de Jiri. Le gérant nous a promis la big jungle alors nous attaquons vers l’inconnu.

Finalement, la piste se poursuit dans la forêt et nous arrivons sans trop de difficultés (une seule fausse piste suivie 5 minutes) au village de Sarakapti. À partir de là, nous entamons la descente vers Singati à travers de nombreux villages où les locaux nous indiquent le chemin. Ce sera donc bel et bien dans un hôtel que nous dormirons ce soir-là !

27 octobre : Singati Bazar – Sangba (+1300/-600m)

Nous entrons dans le parc national du Gaurishankar et qui dit parc dit permis ! Nous avions élaboré diverses stratégies pour éviter celui-ci mais rien à faire, la gardienne nous coupe dans notre élan et ne sera pas hyper compréhensive devant nos tentatives de négociation. 3000 roupies à sortir pour chaque tête, soit l’équivalent du budget journalier pour 4 sur lequel nous nous tablons !

Nous attaquons la montée raide à la sortie de Singati au cours de laquelle une femme nous offre des aumba, sorte de pommes très fermes et pleines de pépins difficilement mangeable au final. Qu’importe, c’est l’intention qui compte ! Nous croisons également la route d’un « convoi mortuaire » hindou, précédé d’un homme sonnant une conque. Étrange expérience.

La suite de la journée se résume en un sentier balcon qui offre une vue lointaine sur le fond de la vallée et sur le versant d’en face et ses nombreuses rizières. Splendide !

Fin de journée comme on les aime ! Alors que nous arrivons au petit village de Sangba pour trouver le lodge indiqué par les locaux en chemin, quelques villageois nous indiquent un petit magasin. Le propriétaire nous ouvre une pièce dans l’arrière boutique, une sorte de cabanon ou de réserve qui dispose de trois lits recouverts par des sacs de riz. Ce n’est certainement pas le lodge que l’on nous avait promis mais voilà exactement ce que nous étions venus chercher au Népal. Après avoir suivi les enfants pour une visite du village, nous passons une soirée de rêve aux côtés de cette famille généreuse qui nous prépare un dal bhat à base de pomme de terre et de eiskus, sorte de courge très tendre que nous aimons tant.

28 octobre : Sangba – Dolongsa (+1900/-1000m)

En vu, le Tinsang La, col à plus de 3300m. Tiens, ça faisait un bail ! On met François devant et c’est partit droit entre les rizières en terrasses.

En chemin, nous croisons un népalais fort sympathique qui nous fait visiter une petite maison en pierre, perdue au bord d’un torrent. C’est ici qu’il travaille ! Au centre de la pièce, de la farine de riz est produite à l’aide d’un moulin hydraulique.

Les mètres de dénivelé défilent à la vitesse de la lumière, nous sommes en jambe ! La tente, ce n’est toujours pas pour ce soir et nous arrivons à tirer jusqu’au petit village de Dolongsa après une longue journée sur les sentiers !

À l’image de la veille, nous sommes accueillis le soir dans un lieu insolite. La maison dans laquelle nous atterissons n’a rien d’un lodge bien que le propriétaire le dise. La famille, encore une fois adorable et très généreuse, nous accueille avec un verre de rakshi (alcool de riz). Ils nous libèrent deux lits. Des lits une place bien évidemment ! Après tirage au sort, on retrouve François et Thibaud dans les lits et Jérémy et Aubin au sol sur leur matelas gonflables Sea to Summit. Finalement, ce ne seront pas les ronflements incessants de la mamie avec qui l’on partage la pièce (et ceux d’Aubin !) qui seront les plus perturbants mais bien la lumière restée (volontairement ?) allumée toute la nuit… Drôle d’habitude pour cette maisonnée qui a la chance d’assister chaque soir à un magnifique coucher de soleil !

29 octobre : Dolongsa – Barabise (+100/-1700m)

Dernière étape symbolique qui marque notre changement de carte (bien que le col de la veille marque sans doute la vraie sortie de la région du Rolwaling), nous poursuivons la descente entamée la veille. Nous longeons la même piste en traversant de nombreux villages, retrouvant petit à petit les engins motorisés quittés à Singati.

Étape courte donc, qui se termine en fin de matinée à Barabise, charmant bazar où nous prenons une après-midi… en espérant que celle-ci n’ait pas le même effet qu’à Jiri !

À bientôt,

La bande

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