La grande épopée de Katmandou à Taplejung est terminée, notre marche peut débuter ! Une chose de sûre, nous avons bien retenu la leçon du Massif Central, le trek débutera progressivement ! Pas question de finir sur les rotules dès la première semaine ! C’est parti pour une bonne (grosse) mise en jambe !
Cette section, à la végétation luxuriante, nous amène à traverser de nombreuses vallée encaissées. Malgré l’altitude raisonnable pour le Népal, ce début de trek est donc assez physique, avec un bon gros dénivelé ! Nous en aurons vu de toutes les couleurs : des premiers 8000 qui apparaissent à l’horizon à l’hostilité de la jungle tropicale en passant par les rencontres avec la population et la culture locale. Adieu douche chaude, adieu toilettes européennes, adieu desserts, dépaysement garantit !
En cette fin de mousson, nous sommes marqués par l’humidité ambiante, la chaleur étouffante (jusqu’à 35°C – Eh oui Mamie, le Nepal ce n’est pas que les glaciers !) et les petites averses qui ponctuent la journée ! C’est avec étonnement que nous nous retrouvons trempés, « liquides comme des flaques » et de la buée sur les lunettes pour Jérémy, dans l’impossibilité de faire sécher nos affaires. Dommage qu’on ne soit pas encore capable de retranscrire des odeurs sur une page Web ! Cela étant dit, nous avons bien apprecié cette intégration à l’environnement népalais et nous espèrons l’avoir bien retranscrite sur papier. À vous de juger !
22 septembre 2018 : Taplejung – Dhoban (-1000m)
Il est temps pour nous d’assumer le projet que nous construisons et mettons en avant depuis des mois. L’excitation est de rigueur et nous nous élançons tambour battant à la poursuite de porteurs népalais surchargés. Cette première étape est marquée par une descente abrupte en fond de vallée. Nous rencontrons des conifères qui nous rappellent le Sud et Nino Ferrer. Sous une chaleur étouffante, nous zigzaguons au milieu des rizières sur des singles étroits qui disparaissent parfois, engloutis par une végétation verdoyante. Difficile pour Aubin et ses palmes (le gaillard fait du 47) pour qui cette marche ressemble plus à une séance de slackline. Il fera un petit tour au fond d’une rizière, certainement pour se rafraîchir ? Heureusement pour lui, sa formation de BNSSA lui a permis de s’en sortir. François, quant à lui, plutôt habitué aux températures montagnardes, sera pris de vertiges avant même la pause déjeuner.

Le soir, nous sommes très bien accueillis dans un lodge (hôtels le long des principaux axes – comprendre chemins -, utilisés par les nepalais, comme par exemple les porteurs, ou les trekkeurs) rustique qui annonce la couleur pour les prochains jours : toilettes turques, douche froide et matelas en bois. On s’en contentera !
23 septembre 2018 : Dhoban – Gorja (+1500m)
Programme du jour : remonter ce qui a été descendu la veille sur le versant opposé ! Quand ce ne sont pas les rizières, nous progressons au cœur d’une forêt dense et humide. C’est l’occasion d’y découvrir ses habitants ! Comme par exemple des araignées noires et jaunes de la taille d’un poing, pendues sur leur toile. Le tout est accompagné par un fond musical généré par la biodiversité ambiante. À plusieurs reprises, nous avons eu à faire à un bruit s’apparentant à celui d’une ligne THT. En y regardant bien, nous avons aperçu de grosses cigales posées sur les troncs.
Araignée que nous croisons régulièrement dans la forêt
Au cours de la montée, nous sommes rejoins par un, puis deux, puis une dizaine d’enfants et notre marche s’apparente alors au sentier des écoliers. C’est l’occasion d’échanger avec le professeur, Tilokman, qui, comme eux, fait le trajet tout les matins munis de ses TTT (Tatanes Tous Terrains).
24 septembre 2018 : Gorja – Gupha Pokhari (+1200m/-300m)
Nous sommes réveillés pas le bruit de la pluie sur le toit en tôles. Ambiance terrible : la forêt tropicale est noyée dans un épais brouillard et le taux d’humidité doit atteindre les 80%. Nos habits en sont les premières victimes. Les affaires sèches la veille sont humides et celles humides sont trempées. Quelle sensation agréable que d’enfiler un T-shirt mouillé à 6h du matin.
Nous attaquons, dré dans le pentu, sur un sentier boueux, dans l’objectif d’atteindre Gupha Pokhari, petit village perché à 2980m d’altitude. Au bout d’une demi heure, c’est le drame.
Tiens c’est marrant, il y a les mêmes vers, qui se déplacent en mettant leurs fesses au niveau de la tête, que dans les WC d’hier soir.
Chacun regarde à ses pieds et nous découvrons avec stupeur des sangsues nous grimpant tantôt le long des chaussures, tantôt le long du pantalon, tantôt le long des bâtons. Plus tard ces malines se sont même mises à tomber des arbres ! Le reste de la journée sera ponctué par des pauses « Check sangsues ». Leur ultime stratégie a été de concentrer leurs charges sur Aubin lui faisant accélérer le pas. C’est donc plus rapidement que prévu que nous atteignons le col (La en Népalais) sous une pluie éparse.

Au milieu du brouillard apparaît enfin Gupha Pokhari. Nous nous réchauffons autour d’un thé et d’un feu de bois dans un homestay (chambres disponibles chez l’habitant) où les fromages au lait de yack sèchent pendus au plafond. À la vue de nos regards envieux, la gérante nous laisse y goûter.

25 septembre 2018 : Gupha Pokhari – Chitlang (-1600m/+300m)
Avec émerveillement, nous découvrons au réveil un spectacle que nous sommes venus chercher dans ces contrées reculées ! Alors que nous commençons à marcher, la brume se déchire et nous dévoile le Kangchenjunga (8586m) et le massif du Makalu (8485m). Ce dernier apparaît tel un iceberg, flottant sur la mer de nuage et tranche avec le ciel bleu. Heureux comme des gosses, nous entamons la longue descente vers la vallée suivante.

Le massif du Makalu se dessine au loin
Nous traversons de nouveau la forêt (seulement trois sangsues répertoriées) et arrivons devant notre premier temple. Les locaux nous invitent à entrer et Jérémy aura la chance de faire tourner le moulin à prière.

Après quelques hésitations, nous décidons de poursuivre jusqu’à Chitlang. Notre effort sera récompensé par un accueil très chaleureux en réponse au
Ami laï tapaï co gare ma soutnou ?
phonétique de « Pouvons-nous dormir chez vous ? » tenté par Jérémy. Soirée conviviale autour d’échanges en anglais sur nos pays respectifs, de tours de magie et de riz au lait (Aubin content !). Premier dessert depuis Katmandou !

26 septembre 2018 : Chitlang – Chainpur (+200m/-300m)
Petite étape de 3h sur une route carrossable au cours de laquelle nous sommes accompagnés par un groupe de népalais pendant les deux premiers tiers, jusqu’à Pokhari qui marque notre véritable retour à la civilisation (jeeps, tuk-tuks, etc…).
27 septembre 2018 : Chainpur – Khadbari (+1100m/-1300m)
De cette étape, nous retiendrons des moments d’errance dans les rizières et la jungle ainsi qu’un calvaire dans la dernière montée vers Khadbari après 10h de marche.
Dans la première descente, nous prenons le mauvais chemin et nous nous retrouvons beaucoup trop au Nord. S’en suit une longue remontée dans la jungle qui nous vaut un détour de 2h environ. Coup dur au vu de la longueur de l’étape du jour… Comme cela ne suffisait pas, Jérémy glisse et tombe tête la premiere dans le canal d’irrigation des rizières. Petite éclaircie dans la tempête, un motard s’arrête à notre hauteur et nous offre… des bananes ! On en rêvait ! Nous voilà reboosté pour la longue portion de route carrossable qui nous attend.
À nouveau, il faut traverser une vallée. Dans la descente, nous nous égarons sous une chaleur insupportable. Les cartes népalaise sont vraiment mauvaises et imprécises. Pas le temps de s’arrêter manger au risque d’arriver après la nuit. Nous grignotons des biscuits sucrés en marchant et les premières défaillance se font sentir.
Coup fatal dans la remontée vers Khadbari et ses escaliers en pierre. La troupe arrive lessivée et vidée à la ville perchée. Heureusement un énorme dal bhat ainsi qu’une journée de repos bien méritée nous attendent !
Qu’est ce qu’un dal bhat ?
Plat de dal bhat servi à Khadbari
Le dal bhat (littéralement lentille riz) est un plat typique népalais qui nous est servis chaque soir dans les lodges et homestays. L’atout non négligeable de ce plat est qu’il est servi à volonté en plus d’être consistant ! À peine 5 minutes et on revient nous servir ! Aubin en est le premier heureux !
Il se compose le plus souvent de riz (bhat), de lentilles (dal), de pommes de terre en sauce (tarkari) et d’épinards et haricots bouillis. À savoir que les népalais le mangent avec la main droite uniquement, la main gauche servant à s’essuyer aux toilettes et étant considérée comme impure !
Pour la suite, nous nous dirigeons toujours plus à l’Ouest, dans l’espoir d’atteindre Lukla, la vallée du Solo Khumbu et la haute altitude d’ici une semaine !
À bientôt,
La bande !
One Reply to “Kangchenjunga – Makalu : Sous la moiteur des tropiques 🎶”